(La parole prononcée fait foi)

Monsieur le conseiller d’Etat,

Monsieur le maire,

Mesdames, Messieurs,

Chères Meyrinoises, chers Meyrinois,

Meyrin, c’est vraiment the place to be! Votre commune forge des stars à la pelle : Clint Capela, Joseph Gorgoni, Antonio Hodgers, ….

Aujourd’hui comme hier, avec mention spéciale à Renée Pellet, première femme élue dans un exécutif suisse, en 1960. Et je ne m’attarde pas sur la création d’Internet et la découverte du boson de Higgs.

C’est donc ici, à Meyrin, que le Conseil fédéral a pris un bain de foule mémorable il y a deux mois. Comme je n’ai pas pu participer ce jour-là, j’ai cherché une raison pour venir moi-aussi dans la ville la plus stylée du moment.

La remise du Prix Wakker me semble une raison plus qu’honorable.

Je ne vais pas vous demander qui vous préférez recevoir : le Conseil fédéral, le Prix Wakker, ou moi ? J’aurais trop peur de la réponse…
Parce que je sais ce que ce prix signifie pour une commune !

Köniz

C’est un moment incroyable, un sentiment de joie, de reconnaissance et de fierté. J’ai connu cette émotion en 2012 à Köniz, commune aux portes de Berne, dont j’ai été autrefois la conseillère municipale en charge… des pompiers !

Ne souriez-pas: j’ai tout appris des pompiers : le sens de la responsabilité, l’esprit d’équipe, l’utilité du débriefing pour ne pas répéter une erreur. Parce qu’une erreur, quand il y a le feu, peut être fatale.

Et c’est comme ça que j’ai appris à connaître Köniz à travers ses bornes incendies. Chacun d’entre nous regarde sa ville sous un angle différent, au gré de son emploi, de son histoire de vie ou de son caractère. Mais ce qui est important, c’est de s’y sentir bien.

Lors de la remise du Prix Wakker à Köniz, j’avais fait un discours. La substance, c’était plus ou moins: nous devons concevoir les changements de manière à ce que les gens continuent d’être à l’aise chez nous, même quand le monde et Köniz se seront transformés. C’était il y a dix ans et le monde a été chamboulé depuis.

Meyrin, c’est un monde

Aujourd’hui, nous célébrons Meyrin. Meyrin, ce n’est pas qu’une ville, c’est tout un monde. Avec sa vue sur le Mont Blanc, le CERN, l’aéroport et l’ONU, Meyrin vit sa diversité comme un atout…

Des visions à long terme ont permis au village rural de devenir, en quelques décennies, une ville animée et agréable à vivre. Un lieu où l’on se sent à la maison. Un lieu où des personnes de 140 nationalités sont chez elles, malgré ou grâce à toutes les transformations survenues.

Les 50 ans du Prix Wakker

Meyrin est en fête et le Prix Wakker aussi, lui qui est désormais quinquagénaire.

De nombreux prix sont remis chaque année en Suisse. Mais il y en a peu qui sont aussi connus et qui peuvent se vanter d’avoir un rayonnement comme le Prix Wakker, l’Oscar de la culture urbaine.

Et derrière cette distinction, je vous le donne en mille, il y a un Genevois : l’homme d’affaires Henri-Louis Wakker qui avait légué une somme généreuse à Patrimoine suisse.

En 1972, la première commune lauréate a été Stein am Rhein. Vu d’ici, c’est l’autre bout de la Suisse, à 330 kilomètres, près de l’Allemagne. C’est un peu une autre planète aussi, cette cité médiévale, avec ses maisons à colombage et ses façades colorées.

Concept révolutionné

Que de chemin parcouru depuis les années septante, lorsque le Prix Wakker couronnait des communes dotées de jolis centres, bien préservés et agrémentés de fontaines fleuries ! Patrimoine Suisse a su révolutionner le concept pour capter l’air du temps.

Au prix, parfois, de commentaires acerbes, quand les tenants de la tradition s’étouffaient de voir consacrer La Chaux-de-Fonds par exemple. Ou la cité industrielle soleuroise de Granges.

Aujourd’hui, la population a compris que cette distinction met à l’honneur le rôle moteur des communes dans le développement urbain en Suisse. Certes, le cadre légal de l’aménagement du territoire est défini par des lois nationales et cantonales.

Mais en fin de compte, ce sont bien les communes et les personnes qui s’y engagent qui déterminent la qualité de la culture du bâti et la cohésion sociale.

Biodiversité et ressources

En plus de l’urbanisme, le Prix Wakker 2022 met en évidence la biodiversité, la préservation des ressources et la lutte contre l’anonymat dans les agglomérations. Par là-même, Meyrin est un condensé de thèmes clés pour la Confédération et en particulier pour mon Département.

Je suis donc ravie que votre commune prouve au reste du pays qu’on peut rénover d’anciennes fermes et une cité satellite des années soixante de manière durable, sur le plan de l’énergie, tout en construisant un éco-quartier novateur.

Car environ un quart des émissions suisses de CO² sont causées par nos bâtiments. Il y a donc urgence à inverser la tendance et Meyrin nous montre la voie.

Mesdames et Messieurs

La protection du patrimoine s’appelle Heimatschutz en allemand, un terme où figure aussi le mot Heimat, difficile à traduire, mais qui veut dire, en quelque sorte : patrie ou… ce lieu où l’on se sent à la maison. Chacun a sa Heimat, mais une approche comme celle de Meyrin, qui permet à la population de participer à l’aménagement de la commune, facilite ce sentiment de : ici, je suis chez moi.
Et moi, chez vous, je me sens bien.

Je ne suis pas la seule. Désormais, Meyrin rayonne non seulement dans les cœurs de vous, ses habitants et habitantes, mais bien au-delà.

Plus besoin de décrocher la lune quand on est une étoile, lauréate du prix Wakker !

Remise du Prix Wakker 2022 à Meyrin