(La parole prononcée fait foi)

Monsieur le président du gouvernement valaisan,
Madame la présidente de Martigny,
Mesdames et Messieurs les élus fédéraux, cantonaux et communaux,
Mesdames et Messieurs les organisateurs,
Chères Valaisannes, chers Valaisans, ou plutôt, chères toutes et tous,

Je dis ça car il paraît qu’ici, à la foire à Martigny, on rencontre tout le Valais, surtout en année électorale !

Je suis très heureux d’être parmi vous aujourd’hui, et surtout d’être accueilli aussi chaleureusement malgré mon origine Bernoise et mon léger accent. Avant d’arriver, j’avais un peu peur d’être ressenti comme le loup dans la bergerie !

Je suis Bernois certes, pourtant j’ai failli être Valaisan - à quelques kilomètres près, puisque je suis né et j’ai grandi à Kandersteg, près du portail nord du tunnel du Lötschberg.

Grâce à cette proximité, je comprends même les Hauts-Valaisans– je viens d’ailleurs de faire une halte au marché paysan de Tourtemagne et je crois bien qu’eux aussi m’ont compris ! Être votre voisin proche me permet surtout d’apprécier votre caractère bien trempé et loyal, et votre sens de la convivialité et de la fête que l’on ressent ici !

Je suis donc très honoré de la citoyenneté d’honneur que vient de me décerner le président du Conseil d’Etat du Valais Christophe Darbellay !

Depuis toujours, j’éprouve une passion pour les grandes foires comme la vôtre. Petit garçon, j’accompagnais mon père qui présentait des vaches à la BEA, notre foire bernoise, et j’en étais fier. Je me souviens même du nom d’une de ces vaches : Helvetia. Et dire qu’aujourd’hui, c’est moi qui représente la Confédération helvétique aux foires !

Voir toutes les personnes qui exposent leurs produits ici me touche : il y a tant d’ingéniosité, tant de travail, tant d’espoir, tant de compétence ! J’ai eu l’occasion de faire un petit tour dans la foire tout à l’heure et je tiens à féliciter tout le monde.

« Tous à l’eau ! » : le thème principal de cette année correspond aussi à une plongée dans mon département, où l’eau occupe une place de choix. L’eau est une ressource naturelle vitale qu’il faut protéger – mais elle constitue aussi un enjeu économique - pour la production énergétique, pour l’agriculture, pour l’industrie. Attention, l’eau peut aussi être synonyme de danger.

Pour y faire face, le DETEC et les cantons de Vaud et du Valais ont un projet gigantesque : la troisième correction du Rhône. Actuellement il s’agit du plus grand projet de protection contre les crues de Suisse. Le but est de protéger 100'000 personnes et d'éviter des dégâts potentiels de l’ordre de 10 milliards de francs.

En plus d’accroître la sécurité, ce projet a pour objectif de rendre le Rhône plus naturel et plus humain. Les travaux sont bien avancés à Viège et la Confédération se réjouit du démarrage, ces prochaines années, dans le Chablais et dans les régions de Sion et de Martigny.

La correction du Rhône apporte beaucoup à de nombreuses personnes dans la région. Mais, je dois admettre que pour certains, cela n'a pas été facile, il y a eu des résistances. En tant que fils d'agriculteur, je le comprends, cela fait mal de céder des terres. Je pense qu’il faut donc essayer de sauvegarder des terres agricoles.

Je me rends compte que ce projet nécessite encore d’un zeste de volonté de travailler main dans la main. On est ici au coude du Rhône et c’est ici que le fleuve change de cap. J’aimerais y voir un symbole !

Actualité oblige, je me dois de parler de l’eau comme source d’énergie. Hier, les Chambres fédérales ont mis sous toit LA réforme qui permet d’assurer l’approvisionnement en électricité durablement et à long terme.

Ce projet joue un rôle-clé pour le développement de la production d’énergies renouvelables chez nous. Il assure de meilleures capacités de production et de stockage et il renforce en même temps l’efficacité énergétique.

Et comment réussir ce tour de force ? L’eau nous sera d’une aide précieuse pour y parvenir ! L'énergie hydraulique, c’est la colonne vertébrale de notre approvisionnement en électricité. Aujourd’hui, plus de la moitié de l’électricité produite en Suisse vient des centrales hydroélectriques. Et demain, avec l’électrification en particulier de la mobilité, l’hydraulique sera le pilier de notre approvisionnement énergétique.

Nous avons seize projets concrets de centrales hydroélectriques à accumulation – dont huit en Valais. Des projets prometteurs du point de vue énergétique, qui peuvent être mis en œuvre avec le moins d'impact possible sur la nature et le paysage. Grâce à leur réalisation, la capacité de stockage saisonnière des centrales hydroélectriques pourra être augmentée de 2 térawatt-heure d'ici 2040.

Ces projets ont été déterminés autour d’une table ronde réunissant la branche de l’énergie, la Confédération, les cantons mais aussi les organisations de protection de la nature. Ensemble, nous avons analysé un grand nombre de sites, nous avons comparé leur potentiel de production et leur impact sur la nature et le paysage.

Aujourd’hui, ces seize projets sont ancrés dans la loi. Mais il est important d’agir rapidement et d’avancer dans leur développement. Je souhaite que tous les milieux tirent à la même corde pour assurer le développement de nos énergies renouvelables. Nous parviendrons alors, ensemble, à produire davantage d'électricité locale et à préserver notre environnement.

Au cours des prochaines décennies, de nombreuses concessions pour l’utilisation de l’hydraulique arriveront à échéance en Suisse et aussi en Valais. Les décisions des communes sur l’utilisation future de leurs eaux revêtent une importance cruciale. D’un côté, il y a des perspectives de rendements importants, mais il ne faut pas perdre de vue que la reprise d’une centrale s’accompagne aussi de nombreux risques.

Là aussi, au nom de l’H2O et de notre approvisionnement, faisons preuve d’esprit constructif. S’assoir à la même table, discuter, trouver des solutions communes et conclure des pactes, s’avère souvent être une bonne méthode. C’est une méthode éprouvée des deux côtés du Lötschberg et je crois savoir qu’ici, à la Foire du Valais, elle est pratiquée à grande échelle.

Pas toujours autour d’un verre d’eau, on s’entend bien... Un éminent spécialiste m’a d’ailleurs prévenu :

En Valais, l’eau, on ne la boit pas, on la turbine !

Au risque de vous décevoir, comme ingénieur agronome de formation, je vous rappelle que le vin est lui aussi constitué de 85 à 90 pour cent d’eau.

On m’a assuré que ce qu’on dit à la foire reste à la foire. J’aime bien cette philosophie et aussi le « Tous à l’eau ». Mais n’oublions pas ce proverbe africain : lorsque vos pieds sont encore dans l’eau, n’insultez pas le crocodile !

Je vous souhaite à toutes et à tous une magnifique foire ! Et merci de votre attention !

Foire du Valais 2023